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La verité sur la découverte du nouveau monde : Hispaniola, Babueca, Ahiti.

24/11/2013 15:22

La verité sur la découverte du nouveau monde : Hispaniola, Babueca, Ahiti.

Pierre Martyr Anghiera, plus connu sous le nom latin de Petrus Martyr Anglerius, naquit à Arona, sur le lac Majeur, le 2 février 1455, et mourut à Grenade, en Espagne, en 1526. Le hasard des circonstances le mit en relations avec les plus grands personnages et spécialement avec les plus illustres navigateurs de son temps. Successivement investi d'importantes fonctions, chargé à diverses reprises de missions confidentielles et très au courant de la politique contemporaine, ami de Colomb, de Gama, de Vespucci, de Cortès, de Magellan, ses œuvres historiques et sa correspondance présentent la valeur et l'intérêt d'un document original. Nous ne voulons ni écrire la biographie de Pierre Martyr, ni donner une étude d'ensemble sur ses ouvrages.

Ce modeste essai a été bien accueilli On l'a cité avec honneur dans des ouvrages qui font autorité dans la science. Nous avons pensé qu'on réserverait la même faveur au plus connu de ses livres, n'ignorent pas avec quel intérêt passionné les savants Européens et Américains recherchent tout ce qui se rapporte à l'histoire des grandes découvertes du XVIe siècle, nous sauront gré de ne pas avoir reculé devant les difficultés de cette traduction de certains articles retrouves sur le net afin de vous aider a comprendre la verite sur les voyages de Colomb et de ses decouvertes.

Je veux, pour ne faire de tort à personne, commencer par les origines. Un certain Christophe Colomb, un Génois habitant de Gene une ville d'Italie, proposa aux rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, de trouver, en partant de l'extrémité de nos terres occidentales, les îles qui avoisinent rinde II demandait des vaisseaux et ce qui est nécessaire à la navigation, et promettait non seulement de propager le christianisme, mais aussi de rapporter fidèlement, et au delà de toute prévision, beaucoup de perles, d'aromates et d'or. Il réussit à les persuader, et, sur ses instances, on lui destina, aux frais du trésor royal, trois ' vaisseaux ; le premier était un vaisseau de charge, ponté, les deux autres des navires marchands non pontés, du genre de ceux que les Espagnols appellent caravelles.

1) Ce n'était pas précisément aux frais du trésor royal que les vaisseaux étaient équipés ; les habitants de Palos avaient été condamnés, à la suite de quelques troubles, à fournir à la couronne, pendant deux ans, deux caravelles armées.

2) Le troisième vaisseau fut fourni par les frères Pinzon.

3) Les vaisseaux de Colomb se nommaient la Gallega ou la Santa Maria, la Pintaex, la Nina.

Vers le mois de Septembre de l'année 1492. Il avait un équipage d'environ 220 hommes. Les îles Fortunées, ainsi qu'on les nomme, les mêmes que les Espagnols dénomment les Canaries ont été depuis longtemps découvertes au milieu de l'Océan.

L'antiquité a nommé ces îles Fortunées à cause de la douceur de la température dont elles jouissent. Les insulaires n'y souffrent ni de la chaleur de l'été ni des rigueurs de l'hiver. Certains auteurs estiment que les véritables îles Fortunées correspondent à l'archipel que les Portugais ont nommé archipel du Cap-Vert. Si on les désigne aujourd'hui sous le nom de Canaries, c'est qu'elles sont habitées par des hommes nus, et sans la moindre religion. Elles sont situées au midi en dehors des climats européens. Colomb y aborda pour renouveler ses provisions d'eau et reposer ses équipages avant de commencer la partie difficile de son entreprise.

* Puisque nous parlons des Canaries, il ne sera pas sans intérêt de rappeler comment elles furent découvertes et civilisées. Depuis bien des siècles elles étaient inconnues ou plutôt oubliées. Ce fut vers l'an 1405 qu'un Français nommé Béthencourt retrouva les sept Canaries. Mais les Canaries étaient depuis longtemps connues et explorées d'apres une Notice des découvertes faites au moyen âge dans l'Océan Atlantique, antérieurement aux grandes explorations portugaises du XVe siècle .

Le départ de Palos a eu lieu le vendredi 3 août 1492. Le rôle des équipages n'a pas été retrouvé, D'après Las Casas, il n'y avait sur les trois vaisseaux que 90 hommes, et d'après Oviedo que 120 hommes d'équipage. Colomb resta trois semaines aux Canaries, moins pour y renouveler ses provisions que pour remplacer un de ses vaisseaux, la Pinta, qui avait brisé son gouvernail.

Colomb en quittant, les îles Canaries le 6 septembre 1492 et en poussant droit à l'ouest, mais avec une légère déviation au sud-ouest, Colomb navigua trente trois jours de suite sans voir autre chose que la mer et le ciel. Ses compagnons commencèrent à murmurer en secret, puis ils ne cachèrent plus leur mécontentement, et songèrent à se débarrasser de leur chef. Ils voulaient même le jeter à la mer. Ils se prétendaient trahis par ce Génois qui les conduisait à un endroit d'où jamais ils ne pourraient revenir. Au trentième jour ils réclamaient cà grands cris et pleins de fureur pour qu'on les ramenât en arrière et pour qu'on n'avançât pas plus loin. Quand à Colomb, mêlant les promesses aux espérances, il s'efforçait de gagner du temps, calmait les colères, descendait aux prières, et finissait par leur rappeler qu'ils seraient accusés de trahison par les rois d'Espagne, s'ils se livraient contre lui à quelque voie de fait et refusaient d'obéir.

On donne à ce semis d'îles le nom d'archipel. Au large de l'archipel, et au milieu du chemin, se dresse une île que les indigènes (indiens) nomment Burichena ou San Salvador selon les espagnols. Colomb la mit sous le patronage de Saint Jean. Cette terre tant désirée ils la découvrirent enfin, à leur grande joie.

1. La découverte a eu lieu dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492. Colomb aperçut le premier une lumière dans l'éloignement, et le matelot Rodrigo de Triana signala la terre.

2. Le nombre des îles reconnues fut autrement considérable, puisqu'on voyageait à travers l'archipel des Lucayes. (Bahamas), Ce sont surtout les insulaires des Lucayes qui prirent les Espagnols pour des divinités.

Dans ce premier voyage, Colomb ne reconnut que six (6) iles, mais deux de ces îles étaient de première grandeur. Il nomma l'une Hispaniola et l'autre Joanna. Il n'était pourtant pas bien sûr que Joanna fût une île. En longeant le littoral de ces îles, les Espagnols entendirent des rossignols qui chantaient, au mois de novembre, dans l'épaisseur des bois. Ils trouvèrent de grands fleuves d'eau douce, et des ports naturels où pouvaient s'abriter de grandes flottes. Colomb longea la côte de Joanna en droite ligne dans la direction du nord-ouest pendant près de cent quatre-vingt (180) Heures. Aussi pensa-t-il que c'était un continent, puisqu'on n'apercevait dans l'île, aussi loin que pouvait s'étendre le regard, ni bornes, ni signe quelconque de bornes. Il résolut donc de revenir sur ses pas. Aussi bien le gonflement des eaux le força à retourner en arrière. Les côtes de Joanna décrivaient dans la direction du nord de vastes sinuosités, et se redressaient devant lui. Comme on était en hiver, les vents du nord devenaient dangereux pour ses navires. Il prit donc la direction de l'ouest, et gouverna vers l'île qu'il croyait être l'île d'Ophir. Pourtant, si on examine avec soin les traités cosmographiques, on remarquera qu'il s'agit non d'Ophir mais des Antilles.

3. Joanna a conservé son nom indigène de Cuba. Colomb et les contemporains crurent longtemps que ce n'était qu'une presqu'île du continent asiatique. mais fut decouverte le 26 Octobre 1492.

4. Il ordonna ce changement de direction le 12 novembre. S'il avait continué son voyage seulement deux ou trois jours, il aurait reconnu son erreur, et rencontré la côte opposée du Yucatan.

5 . Colomb cherchait l'île Babueca, (Hayti) dont les indiens indigènes lui avaient souvent parlé.

6. Babueca / Ahiti fut reconnu le 5 décembre 1492 tres tard dans l'apres-midi . L'amiral n'y débarqua que le lendemain 6 décembre , et en prit possession au nom de l'Espagne, d'après la formule conservée par le Père Claudio Clémente dans ses Tabulas Chronologicas de los Descubrimimtos .

Faisant le tour le l'ile "Guaney Cahini" aujourd'hui Ile de la Tortue, Christophe l'appela "Isla de la Tortuga en travaersant sur la grande terre. Colomb donna à cette île Babueca ou Hayti) le nom d'Hispaniola. Sur le littoral d'Hispaniola (Babueca / Hayti) une région que les Tainos appellent Xarama. C'est du Xarama que Colomb avait tait voile, lors de son premier voyage, quand il était venu de l'Espagne (aujourd'hui Port-a-l'Ecu) situé tout près de Baie des Moustiques.

Résolu à tenter une descente sur le rivage septentrional d'Hispaniola, Colomb s'approchait de la terre lorsque le plus grand de ses navires donna sur une roche plane et cachée par l'eau, où il s'entr'ouvrit et resta fixé. Cet accident a eu lieu à la date du 25 décembre 1492 : « Certifico a Vuestras Altezas que en el mundo creo que no hay mejor gente ne mejor tierra : ellos aman a sus projimos como a si mismos

Heureusement l'écueil était plutôt un haut fond: ce qui permit à l'équipage de ne pas être submergé. Les deux autres navires s'approchèrent en toute hâte, et on pu recueillir, sains et saufs, tous les matelots. C'est là que, descendus à terre, les Espagnols découvrirent pour la première fois des insulaires. Voyant venir à eux ces inconnus, les insulaires se réunirent et tous ensemble s'enfuirent au plus profond des forêts, comme de timides lièvres pourchassés par des lévriers. Les Espagnols poursuivirent les fuyards mais ne réussirent à prendre qu'une femme. Ils la ramenèrent sur leurs navires, lui donnèrent en abondance des vivres et du vin, la revêtirent d'habillements, car les deux sexes vivent absolument nus, à l'état de nature, et lui rendirent la liberté. Cette femme, qui connaissait l'endroit où s'étaient cachés les fugitifs, retourna vers eux, leur montra ses ornements, et vanta la libéralité des Espagnols. Tous alors accourent au rivage, convaincus que les nouveaux débarqués sont des envoyés célestes. Ils se mettent à la nage, et portent aux navires de l'or, dont ils avaient une petite quantité. Ils échangeaient volontiers cet or contre un morceau de poterie ou de verre.

Si un Espagnol leur montrait une aiguille, une sonnette, un fragment de miroir, ou quelque chose de semblable, ils lui donnaient en échange tout l'or qu'il demandait, et tout celui qu'ils portaient sur eux. Lorsque des rapports plus familiers se furent établis, et que les Espagnols purent étudier les usages locaux, ils comprirent par signes et par conjectures que ces insulaires étaient gouvernés par des rois.

Descendus de leurs navires, ils furent reçus avec de grands honneurs par ces rois et par tous les autres naturels. Ils s'ingéniaient à leur rendre hommage et à leur témoigner du respect. Lorsque le soleil se coucha, les Espagnols, à l'heure de l'angelus, se mirent à genoux suivant l'usage chrétien. Ils furent aussitôt imités par les insulaires. Ils donnaient à la croix tous les signes d'adoration dont ils voyaient les chrétiens se servir. Quant au navire qui avait touché sur la roche, ils en firent sortir nos hommes et tout ce qu'il contenait, et le transportèrent sur le rivage, en toute hâte et en grande joie, en se servant de leurs barques, qu'ils appellent canots. On aurait dit des parents qui portent secours à des parents; certes chez nous on n'aurait pas agi avec plus de charité. Ces canots sont fabriqués avec un seul tronc d'arbre qu'ils creusent avec des pierres pointues. Ils sont longs mais étroits. Aussi dirons-nous que ces canots sont des monoxyles faits d'une seule pièce de bois. On prétend qu'on en a vu plusieurs qui pouvaient recevoir jusqu'à quatre-vingts rameurs. L'usage du fer n'a été signalé nulle part chez les insulaires

Celui des caciques d'indiens Tainos qui rendit alors le plus de services aux Espagnols se nommait Guaccanagari.

Aussi leurs maisons, construites avec beaucoup d'ingéniosité, et tout ce qu'ils fabriquent pour leurs besoins, excitaient l'admiration des Espagnols. Il est certain qu'ils se servent, en guise d'instruments, de pierres très dures, qu'ils trouvent dans les cours d'eau, et qu'ils aiguisent. Les Espagnols ont entendu dire que non loin de ces îles s'étendaient d'autres archipels, habités par des peuplades féroces qui se nourrissent de chair humaine. C'est pour cela que les naturels d'Hispaniola s'enfuirent si précipitamment à l'arrivée des espagnols. Ils nous l'ont avoué plus tard, ils nous avaient pris pour des Cannibales : tel est le nom qu'ils donnent à ces barbares. Ils les nomment encore Caraïbes. Les îles de ces impies sont situées au midi, à peu près à mi-chemin des autres îles. Quant aux insulaires d'Hispaniola, qui sont d'un naturel doux, ils se plaignent avec raison d'être exposés aux fréquentes attaques des Cannibales, qui débarquent chez eux pour faire du butin, et les poursuivent dans les forêts comme des chasseurs en quête de bêtes fauves. Les Cannibales les prennent tout entants, et les châtrent, comme nous faisons chez nous des poulets ou des porcs que nous voulons engraisser et attendrir pour nos repas; quand ils ont grandi et se sont engraissés, ils les mangent. Lorsqu'ils tombent plus âgés entre leurs mains, les Cannibales les tuent et les coupent en morceaux. Ils mangent aussitôt les intestins et l'extrémité des membres. Quant aux membres ils les salent. << Ils trouvèrent dans ces maisons deux filles et deux garçons, âgés d'environ quinze ans, et provenant des îles saccagées. Les garçons avaient le membre viril coupé au ras du pénil. On les engraissait pour les manger. Quant aux femmes, on ne les mange pas, mais on en fait des esclaves. » « Le capitaine des caravelles qui sont revenues a assuré qu'on avait trouvé dans leurs maisons de la chair humaine qu'on faisait rôtir.

Plusieurs de ceux qu'ils avaient délivrés des mains des Cannibales se disaient natifs de cette île. Ils racontaient qu'elle était très peuplée, cultivée, pourvue de ports et couverte de forêts. Ses habitants détestaient les Cannibales et étaient en guerre ouverte avec eux. Ils n'avaient pas de barques pour se transporter de leur île aux rivages des Cannibales; mais si par hasard ils repoussent une invasion des Cannibales, lorsque ces derniers débarquent pour faire du butin, ce qui peut arriver, car à la guerre il y a des alternatives bonnes ou mauvaises, ils coupent en morceaux leurs prisonniers, les font rôtir, les déchirent à belles dents et les dévorent.

Ainsi qu'ils font des jambons de porc, qu'ils gardent en provisions. Ils ne mangent pas les femmes : ce serait pour eux un crime et une infamie. S'ils en prennent qui soient jeunes, ils les gardent et les soignent pour qu'elles aient des enfants. Agissant au contraire, capturé de vieilles femmes, ils les traitent en esclaves et les gardent pour les servir. Les habitants de ces îles que, dès maintenant, on peut dire nôtres, tant les hommes que les femmes, lorsqu'ils s'attendent à quelque descente des Cannibales, ne connaissent pas d'autre moyen de salut que la fuite. Bien qu'ils sachent se servir de flèches de roseau très pointues, ils n'ignorent pas que ces armes leur serviraient peu contre la violence et les fureurs de leurs ennemis. Ils reconnaissent tous que dix Cannibales, en bataille rangée, l'emporteraient facilement sur cent d'entr'eux. Les espagnols ne savaient pas encore ' avec précision ce qu'adoraient tous ces insulaires : ils rendaientent pourtant un culte au ciel et aux astres.

Pour leurs autres usages le peu de temps dont disposaient les Espagnols et le manque d'interprètes n'ont pas permis de les étudier davantage. Ils mangent des racines qui, pour la grandeur et la forme, ressemblent à nos navets, mais dont le goût se rapproche de celui des châtaignes tendres (Patates). Ils les nomment âges. Ils consomment aussi une autre racine, qu'ils appellent yucca (Manioc) et dont ils font du pain. Les âges ils les mangent plutôt grillés ou bouillis que convertis en pain. Le yucca (manioc) ils le coupent en morceaux, le compriment, car il est très juteux, le pilent et le cuisent en gâteaux. Le plus singulier c'est que, d'après eux, le suc du yucca est plus vénimeux que celui de l'aconit. Dès qu'on en a bu, on meurt ; au contraire, le pain fabriqué avec tête d'homme sur la braise. »

Cette pâte est plein de saveur et très salubre.Tous les Espagnols en ont fait l'expérience. Les insulaires fabriquent aussi, et sans grande peine, du pain avec une sorte de millet, analogue à celui qui existe en grande quantité chez les Milanais et chez les Andalous. Ce millet a un peu plus d'une palme de longueur, se termine en pointe, et a presque l'épaisseur de la partie supérieure du bras. Les grains, très régulièrement espacés par la nature, ressemblent pour la forme et la grosseur aux pois. Quand ils poussent, ils sont blancs. Mûrs, ils deviennent très noirs. Piles, ils sont plus blancs que la neige. On appelle maïs, ce genre de froment. Les insulaires font cas de l'or. Ils en portent, après l'avoir séparé en très minces lamelles, aux lobes des oreilles ou dans les narines.

Lorsque les espagnols furent convaincus qu'ils n'avaient de relations commerciales avec aucun autre peuple, et ne connaissaient d'autres rivages que ceux de leur île, ils commencèrent à leur demander par signes où ils se procuraient cet or. Autant qu'ils peuvent le conjecturer, les naturels récoltaient cet or dans les sables de rivières provenant de hautes montagnes. Cette récolte n'était pas bien pénible. Avant de le réduire en lamelles, ils en formaient des lingots. On n'en trouvait pourtant pas dans la partie de l'île où avaient abordé les Espagnols, on s'en aperçut par la suite. Lorsque, en effet, les Espagnols s'éloignèrent de cette localité, étant descendus à terre pour faire de l'eau et pêcher, ils rencontrèrent par hasard un fleuve dont le sable était parsemé de paillettes d'or.

A l'exception de trois espèces de lapins, ces îles ne nourrissent aucun quadrupède. On y rencontre des serpents, mais qui ne sont pas dangereux. Les Espagnols y trouvèrent des oies sauvages, des tourterelles, des canards plus grands que ses siennes, au plumage aussi blanc que celui du cygne et à la tête couleur feu. Ils rapportèrent de leur voyage une quarantaine de perroquets, * les uns verts, les autres tout jaunes, et ceux-ci ressemblant aux perroquets de l'Inde, avec des colliers de vermillon, tels que Pline lésa décrits, mais tous avec un plumage éclatant. Ils ont des ailes vertes ou jaunes, mais entremêlées de plumes azurées ou pourprées : cette variété enchante l'œil. On a voulu, très illustre prince, vous donner ces détails sur les perroquets, et pourtant l'opinion ' de Colomb semble en contradiction avec la grandeur de la sphère et les théories des anciens sur la circumnavigation de l'univers. Les oiseaux et bien d'autres objets rapportés des pays découverts semblent indiquer, soit par le voisinage, soit par les productions, que ces îles appartiennent à l'Inde, surtout quand on se rappelle qu'Aristore à la fin de son Traité sur le ciel et la terre, que Sénèque et d'autres savants cosmographes ont toujours affirmé que l'Inde n'est séparée de l'Espagne, du côté de l'Occident, que par une faible distance maritime.

1. « On a rapporté des petites bêtes semblables à des loirs blancs et noirs, mais sans queue. »

2. «On trouva aussi beaucoup de perroquets, grands et beaux, aux plumes vertes, rouges, noires, et bien d'autres couleurs, avec la queue longue et verte. J'en ai mesuré un et trouvé que, de la tête à la queue, il avait environ une coudée et quart de longueur. Ils ont le bec très long, presque entièrement blanc, les pieds noirs, la voix forte et désagréable. On rapporte que les indigènes (indiens) les élèvent pour leur plumage dont ils fabriquent des panaches et d'autres ornements très beaux. »

Mastic, aloès, coton et autres productions analogues poussent en abondance dans ce pays. On récolte sur les arbres, comme en Chine, des cotons soyeux ; des graines rugueuses de diverses couleurs, plus pénétrantes comme goût que le poivre du Caucase ; des branchages coupés aux arbres, qui rappellent par la forme la cannelle, mais par le goût, par l'odeur, par la moelle et par l'écorce superficielle le gingembre, qui agit fortement sur les sens. Heureux d'avoir découvert cette terre inconnue, et d'avoir trouvé tous les indices d'un continent * jusqu'alors ignoré, Colomb résolut de profiter des vents favorables et du printemps qui s'approchait pour rentrer en Europe.

Heureux d'avoir découvert cette terre inconnue, et d'avoir trouvé tous les indices d'un continent * jusqu'alors ignoré, Colomb résolut de profiter des vents favorables et du printemps qui s'approchait pour rentrer en Europe.Il laissa trente-huit de ses compagnons au roi dont on a parlé, afin qu'ils étudiassent, jusqu'à ce qu'il revînt, et le climat et les lieux. Ce roi était appelé par ses adversaires Guaccanarillo mais pour les indiens Taino Guaccanarri •* Après avoir signé avec lui une étroite alliance, Colomb prit toutes les précautions pour assurer la vie, le salut et la protection de ceux qu'il laissait ainsi. Le roi, touché de pitié pour ces exilés volontaires, répandit des larmes abondantes et promit de ne rien négliger pour leur venir en aide. Colomb persuadé de la proximité de l'Asie, ne croyait pas qu'il avait découvert un nouveau monde : « Il y avait dans ses gestes une aisance et une convenance parfaites. Il était très sobre de paroles, et le peu qu'il disait était sérieux et sage. Son conseiller et son précepteur, assis à ses pieds, suivaient attentivement le mouvement de ses lèvres, parlaient avec lui ou entre eux, en lui témoignant un extrême respect. »

Telle était l'opinion de Colomb. Il y a persisté jusqu'à la fin de sa vie. Les pays qu'il avait découverts furent censés faire partie de l'Inde. Ferdinand et Isabelle leur donnèrent même la qualification officielle d'Indes, non seulement dans la ratification des privilèges et des honneurs qu'ils accordèrent à l'amiral lors de son retour.

Colomb donna le signal du départ pour l'Espagne. Il ramenait avec lui dix insulaires ou Tainos grâce auxquels on a pu transcrire en caractères latins tous les mots de leur langue. C'est ainsi qu'ils nomment le ciel = tueri, une maison = boa, l'or eau = ni, un homme vertueux = tayno, rien = magani.

Tous les autres mots, ils les prononcent aussi distinctement que nous prononçons le latin. Tels sont sur cette première navigation les détails dont il a paru convenable de garder le souvenir. Vous les connaissez maintenant. Roi Ferdinand et Reine Isabelle qui ne cessaient de penser, même pendant leur sommeil, à propager la foi chrétienne, espérant que ces nations si nombreuses et si douces seraient facilement converties à leur religion, éprouvèrent à ces nouvelles une vive émotion. Christophe Colomb à son retour à Babueca, (Hayti) reçu par eux avec de grands honneurs, comme il le méritait pour ce qu'il avait exécuté. Ils le firent s'asseoir en leur présence, ce qui pour les rois d'Espagne est la preuve la plus grande d'amitié, de reconnaissance, et le signe suprême de gratitude. Ils ordonnent que dorénavant Colomb soit appelé préfet de la mer, ou, en langue espagnole. Amiral Barthélémy Colomb, son frère, lui aussi très expert en l'art de la navigation, est par eux honoré du titre de préfet de l'île Hispaniola, ce qu'en langue vulgaire on appelle Adelantado. Aussi bien, pour se faire mieux comprendre, De ces dix Indiens, un parmi eux meurt pendant la traversée, trois restèrent malades à Palos, les six autres furent présentés à Barcelone au roi et à la reine. Ils reçurent le baptême. Cinq d'entr'eux accompagnèrent Colomb dans son second voyage.

Il est a remarqué que l'or rencontré au premier voyage n'était jamais présenté qu'en petite quantité Se défier à ce propos des exagérations contemporaines. Ainsi on a prétendu que la coupole de Sainte-Marie Majeure, à Rome, et le plafond de la salle royale du palais de Saragosse avaient été dorés avec l'or rapporté du premier voyage, mais aucun des historiens contemporains ne mentionne le fait.

Quand il était revenu en Espagne et qu'il avait ramené les dix indigènes, Trois d'entr'eux seulement survivaient. Les autres avaient succombé au changement de pays, d'air et de nourriture. A peine vue de la côte de Sanctereine, ainsi que l'appela Colomb, dans le Xarama, que l'amiral ordonna de rendre la liberté à un de ces interprètes. Les deux autres parvinrent à se jeter à la mer, et nagèrent jusqu'au rivage. Comme Colomb ne connaissait pas encore la triste fin des trente-huit hommes qu'il avait laissés dans l'île l'année précédente, il ne se préoccupa point de cette fuite, car il pensait que les interprètes ne lui feraient pas défaut et se souciait peu pour ce motif de ceux qui avaient fui. Lorsque les Espagnols se furent rapprochés de l'île, un long canot à plusieurs rames s'avança à leur rencontre. Il n'y avait dans ce canot qu'un seul homme et le frère de Guaccanarillo (Guaccanari), ce roi avec lequel l'amiral en quittant Hispaniola, avait signé un traité, et auquel il avait soigneusement recommandé les matelots que nous laissions. Il portait à l'amiral au nom de son frère et à titre de présent deux statues d'or. Il parla également, comme on le comprit plus tard, de la mort des espagnols laissant sur l'ile, mais en se servant de sa langue, et comme il n'avait plus d'interprètes, il ne comprit pas ses paroles. Mais quand il arriva au château de bois et aux maisons entourées d'un retranchement qu'il avait construites pour eux, tout était réduit en cendres, et le silence le plus absolu régnait dans ces lieux. L'amiral et ses compagnons furent vivement émus. Pensant que l'un d'entr'eux vivait encore, en quoi ils se trompaient, il fît décharger canons et fusils, afin qu'au bruit de cette formidable détonation, au loin répétée par les rivages et les hautes montagnes, quelqu'un des nôtres, s'il s'en trouvait encore caché parmi les insulaires ou dans les retraites des betes féroces, comprît à ce signal que nous étions arrivés.

Cette précaution fut inutile: tous étaient morts. L'amiral envoya à Guaccanarillo (Guaccanari) quelques messagers qui lui firent, autant qu'ils avaient pu le comprendre, le récit suivant. Il y a dans l'ile, qui est fort étendue, plusieurs rois plus puissants que Guaccanarillo (Guaccanari). Deux d'entr'eux, inquiétés par la nouvelle de l'arrivée des Espagnols, rassemblèrent des forces considérables, battirent nos hommes, les égorgèrent et brûlèrent leurs retranchements, leurs maisons et leur mobilier. Quant à Guaccanarillo (Guaccanari), il avait essayé de secourir nos hommes, mais il avait été dans la lutte blessé par une flèche. Sa jambe était encore enveloppée d'un bandage de coton. C'est pour ce motif qu'il n'avait pu, malgré son vif désir, aller trouver l'amiral. Il existe, en effet, dans l'ile plusieurs souverains, plus ou moins puissants les uns que les autres. C'est ainsi qu'on nous a appris que le fabuleux Énée trouva le Latium divisé entre plusieurs rois, Latinus, Mézence, Turnus, et Tarchon, voisins très rapprochés, et se disputant le territoire; mais les insulaires d'Hispaniola sont, à mon avis, plus heureux que l'étaient les Latins, surtout s'ils se convertissent à la vraie religion. Ils sont, en effet, tout nus, ne connaissent ni poids, ni mesures, ni monnaie, cette source de malheurs. Ils vivent en plein âge d'or, sans lois, sans juges prévaricateurs, sans livres, satisfaits de leur sort, et nullement inquiets de l'avenir. Poutant l'ambition du commandement les agite eux aussi. Ils se font la guerre entr'eux; aussi bien, même dans l'âge d'or, y a-t-il jamais eu un moment sans «.,

Le lendemain, l'amiral envoya à Guaccanarillo un Sévillan nommé Melchior. Il avait déjà été député par le roi et la reine au souverain pontife l'année où ils s'étaient emparés de Malacca. Melchior fit enlever le bandage et n'aperçut ni blessure ni trace de blessure; mais il le trouva au lit, feignant d'être malade, entouré par les lits de sept concubines. C'est ce qui lui fit soupçonner que Guaccanarillo était l'auteur du meurtre des espagnols laissés dans le fort "La nativité". Il dissimula pourtant ses soupçons et obtint du roi que le lendemain il se rendrait aux navires pour voir l'amiral. Ainsi fut fait. A peine entré dans les navires, après avoir salué les Espagnols et avoir distribué de l'or aux officiers, il se tourna du côté des femmes que nous avions délivrées des Cannibales, et dirigeant ses yeux à demi ouverts vers l'une d'entr'elles, qui s'appelait Catherine, lui parla avec une grande douceur, puis avec la permission de l'amiral qu'il demanda avec grâce et urbanité, il admira les chevaux, et tout ce qu'il ne connaissait pas encore, puis partit. Il ne manqua pas de personnes qui conseillèrent à Colomb de le retenir prisonnier, afin de lui faire expier son crime, s'il était prouvé que les espagnols avaient été assassinés par ses ordres; mais l'amiral, persuadé que le moment n'était pas venu d'irriter les insulaires, le laissa partir. Dès le lendemain, le frère de Guaccanarillo, agissant en son nom ou au nom de son frère, se rendit à bord et s'entendit avec les femmes; car, au milieu de la nuit suivante, Catherine, afin de recouvrer la liberté pour elle et pour toutes ses compagnes, céda aux sollicitations de Guaccanarillo ou de son frère, et accomplit une action bien plus héroïque que la Romaine Clélie, lorsqu'elle traversa le Tibre à la nage avec les autres vierges qui servaient avec elle d'otages, après avoir brisé ses liens, et se déroba à la puissance de Porsenna. Clélie, en eff"et, ne traversa qu'un fleuve et elle avait un cheval; Catherine et sept autres femmes ne se fièrent qu'à leurs bras pour traverser environ 3.000 pas d'une mer, qui même n'était pas tranquille. Telle était, en effet, de l'avis de tous, la distance qui séparait l'escadre du rivage.

comme on se l'a rapporté, avait, en effet, défendu de s'occuper d'autre chose que d'examiner et de reconnaître le pays. Le bruit se répandit que le roi des montagnes où prennent leur source tous ces fleuves, se nommait le cacique Caunaboa, c'est-à-dire le seigneur de la maison d'or, puisque dans leur langue maison se dit boa, et or = canna et le roi cacique, ainsi que je l'ai écrit plus haut. On ne peut trouver nulle part de poissons d'eau douce plus beaux, meilleurs au goût et moins dangereux. Les eaux de tous ces fleuves sont aussi très saines. Melchior a bien raconté que chez les Cannibales, au mois de décembre, les jours durent autant que les nuits ; mais la connaissance de la sphère contredit cette observation. Il sait bien qu'en ce même mois de décembre quelques oiseaux disaient leurs nids, et d'autres couvaient déjà leurs petits. En outre la chaleur était déjà tort sensible. Lorsque on l'interrogea plus spécialement sur la hauteur du pôle au-dessus de l'horizon, il se répondit que, dans le pays des Cannibales, le Chariot tout entier disparaissait sous le pôle arctique et que le Bouvier se couchait. Personne n'est revenu de ce second voyage au témoignage duquel on puisse accorder confiance plutôt qu'à lui; mais, s'il avait été savant en astronomie, il se serait contenté de dire que le jour est à peu près aussi long que la nuit, car en aucun lieu du monde la nuit pendant le solstice n'équivaut exactement au jour. Aussi bien les Espagnols, en ce voyage, n'arrivèrent jamais à l'équateur. Ils eurent toujours pour guide l'étoile polaire, qu'ils virent constamment à l'horizon. Quant aux compagnons de Melchior, ils n'étaient ni lettrés, ni expérimentés. C'est pour cela qu'on donne peu de détails, et jetés au hasard, comme on a pu les recueillir. On espère pouvoir vous raconter bientôt tout ce qu'on aura appris d'autre.

D'ailleurs Colomb dans ses écrits à raconter très au long tout ce que sa bonne fortune lui a fait découvrir. Et aussi on a appris ces détails par des interprètes d'indiens indigènes, amenés en Espagne lors du premier voyage de Christophe Colomb. Histoire trouvée dans mes differentes recherches pour connaitre la verité sur la découverte du nouveau monde.

 

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